Picasso engagé

Nicolas, on n’arrivera jamais à faire le tour de Picasso tu le sais très bien.

Bien évidemment.

Mais là il y a encore un beau focus encore à faire un bel angle d’attaque ou d’analyse de l’homme enfin de son œuvre …

Une autre boite à ouvrir.

C’est Picasso l’homme engagé …


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Nicolas, on arrivera jamais à faire le tour de Picasso tu le sais très bien.

Bien évidemment.

Mais là il y a encore un beau focus encore à faire un bel angle d’attaque ou d’analyse de l’homme enfin de son œuvre …

Une autre boite à ouvrir.

C’est Picasso l’homme engagé …

Oui.

Parce qu’effectivement on connait l’œuvre universellement. On a certaines idées de la réputation fameuse de Picasso. On a souvent parlé des femmes mais aussi cette grande star du monde de l’art.

Oui

Mais le Picasso intime qui était-il finalement ? Peut-être qu’on le connait moins ou on s’y intéresse moins. Et c’est ça qu’on voulait ensemble regarder également.

Exact. Alors comment on détricote cette grosse ficelle là ?

Alors on va peut-être déjà regarder quelques œuvres majeures …

Oui

En laissant certaines de côtés mais pour les plus importantes qui correspondent pour la première qu’on avait choisi : Guernica.

Incontournable.

Incontournable tableau Guernica.

Ouais.

Alors là effectivement un tableau qui ne se détache pas du contexte politique de l’époque …

Oui.

Picasso peintre d’histoire. Là on peut le dire… dans la manière ancienne c’est quelqu’un qui illustre l’actualité de son temps de manière dramatique effectivement c’est cet affrontement qui va faire apparaitre la 2è guerre mondiale et qui est déjà pendant la guerre d’Espagne le bombardement de ce village espagnol.

Picasso est à Paris, regarde dans les journaux, voit des photos extrêmement choquantes et violentes et immédiatement, c’est un engagement beaucoup plus intérieur qui touche à ses racines …

 

Révolte un peu personnel quoi enfin

Tout à fait.

Oui

Ça le touche au cœur littéralement également. Et là, immédiatement il prend la décision de témoigner. L’art c’est aussi un vecteur de communication. L’art a un pouvoir. C’est indéniable. Picasso déjà à cette époque-là bénéficie d’une aura et d’une notoriété incontestable.

On va se situer à quelques mois de la grande exposition internationale de Paris en 1937. C’est là même où les 2 pavillons et soviétique et allemand vont s’affronter de manière très belliqueuses. Et dans le pavillon espagnol, Picasso dévoilera au grand public cette œuvre complètement atypique où l’on a l’absence de couleur …

Oui voilà.

Où on a des tons de noir …

Oui

De blanc …

C’est monochrome.

De gris …

Gris bleu, gris froid c’est ça ?

Une œuvre marquée par le dessin, par des détails. Le détail exprime peut-être beaucoup mieux que l’ensemble. Il n’y a pas de surdramatisation. Ce n’est pas la peine de faire de grands effets d’emphase, des fragments des portions comme des fragments d’anatomie littéralement qui suffisent à évoquer cette douleur ce drame humain. Quel dégât !

Oui des corps et des corps etc.

Cette œuvre évidemment, c’était son but va provoquer des réactions sur le plan artistique encore une fois mais bien au-delà c’était bien sûr la volonté de Picasso, des réactions politiques. Jusqu’à encore aujourd’hui, cette œuvre est parfois censurée. Elle est très difficile diplomatiquement à regarder. Elle a pu parfois être cachée, non reproduite dans certaines circonstances où la politique utilise beaucoup l’arme de la propagande.

Alors maintenant aussi on peut retourner dans l’autre sens et dire que Picasso fait une propagande contre …

Oui voilà c’est du militantisme quoi !

Exactement.

Donc on est vraiment dans le sein d’un engagement de Picasso le citoyen qui utilise finalement sa compétence qui est l’art au service de la cause.

Une cause.

Il faut savoir que Picasso ne retournera jamais en Espagne pendant la période du franquisme. C’est un deuil pour lui qu’il fait par rapport à son pays et ses racines en allant quelques fois très près. Il va régulièrement jusqu’à la limite des Pyrénées mais en restant toujours du côté français et en attendant que le dictateur chute.

Le thème, il y a aussi le taureau. Je reviens un peu …

Oui.

Sur l’image de Guernica.

On retrouve un thème cher à Picasso. Et dans beaucoup d’images qui seront purement des corridas auxquels il assiste quand il est en vacances notamment. Et en arrière-pensée bien sûr qu’il y a la trame du drame espagnol de la 2è guerre et des autres violences humaines qui sont superposées à cette image innocente de ceux qui voient la corrida et qui ne mettent à mort que les animaux. Voilà.

Comment peut-on parler d’un sujet sans le montrer réellement ?

Oui, bien sûr avec des symboles forts quoi !

Voilà.

Universels.

Alors après Guernica en 1937, Picasso aura l’occasion à nouveau dans d’autres circonstances qui se répètent, d’évoquer ces grands conflits qui vont secouer la société comme ici dans l’image qu’on regarde : …

C’est dur ça aussi.

«Les Massacres en Corée ». C’est une toile qui est datée de 1951 et qui sans aucun artifice. Comme dans Guernica il y a quelque chose de très cru …

Oui c’est cru.

De brutal. Il n’y a pas de choses enjolivées.

Oui

Les corps nus …

Le paysage là aussi tout ça c’est …

Voilà les corps nus gris. Gris et grimaçant j’ai envie de dire mais un peu métallique du côté des bourreaux à droite. Toutes ses armes qui sont pointées dans cette direction des victimes innocentes  de manière assez caricaturale. On voit très bien il y a les bons d’un côté les innocents, et il y a les méchants, les monstres et les sauvages de l’autre, même si là contrairement à Guernica enfin différemment de Guernica plutôt, le paysage se dessine.

Il y a une très belle frontière qui est faite entre les deux opposants avec cette rivière, l’eau qui est la vie et la terre qui est verdoyante. Voilà donc là, l’œuvre est peut-être …

Un peu optimiste ?

Oui en tout cas elle s’inscrit dans la tradition de la peinture d’histoire encore une fois. Alors Picasso va continuer son militantisme comme tu le disais très bien à travers son engagement au sein du parti communiste. Il va s’engager très rapidement et être également un vecteur de communication pour le parti.

Rétrospectivement, on se rend compte qu’au XXè siècle, beaucoup d’artistes vont suivre cette tendance-là. On a beaucoup d’artistes qui iront… des intellectuels, je pense à des écrivains Aragon et quelques autres seront dans ces mouvements de gauche. Ce sont de belles prises pour le parti communiste entre guillemet avec un peu d’humour bien sûr. On est avec le recul du temps.

Oui tu recules maintenant.

Mais de s’attacher des faire-valoir qui vont porter la cause de très belles manières. Picasso y va sans se poser de questions parce qu’humainement ça correspond à une évidence certainement.

Maintenant le dessin qu’on va regarder est assez particulier. C’est le portrait de Staline qui a été commandé …

C’est une commande ?

Ça a été commandé dans des circonstances très particulières lorsque Staline décède en urgence au sein du parti communiste français. On va contacter Picasso pour qu’il réalise quelque chose en hommage au petit père des peuples qu’était Staline. Et là il propose un dessin. La transaction se fait par téléphone. Et on lui dit oui d’accord mais fait très vite parce qu’on doit boucler le tirage. Il faut que ton dessin paraisse le lendemain.

Et Picasso comme à son habitude travaille très vite et réalise cette esquisse, cette ébauche. Je reste très neutre, très diplomate parce qu’effectivement, ça va être un déclenchement de toute une campagne de haine envers Picasso et ce dessin qui est considéré par les militants comme non digne de représenter l’homme politique qu’il était mais plutôt une caricature.

Oui c’est limite quoi.

On s’est demandé si ce n’était pas un dessin pour déstabiliser l’image qu’avait Staline. C’était aussi un moment où au sein du parti communiste en France il y a plusieurs camps, plusieurs tendances. Maurice Thorez étant malade étant en convalescence en Russie, il y a deux courants il y a deux branches au sein du parti communiste. Ceux qui sont de la branche plus dure, qui respectent une orthodoxie où il faut faire un peu à la Russe une sorte de réalisme socialiste …

D’accord

Imposer ça aux artistes. Et puis ceux qui sont les modérés auxquels bien sûr Picasso appartient et qui considèrent qu’effectivement, les artistes qui s’engagent, ces intellectuels comme tu le disais on leur fait confiance, on leur laisse une liberté.

Carte blanche.

Carte blanche. Exactement. Et ce dessin a catalysé effectivement ces grandes tensions et a permis également de régler ces scissions en interne au sein du PC. Mais effectivement c’est un dessin il y a eu une série de contre article ensuite dans le journal qui était un quotidien du parti communiste avec …

L’humanité ? Enfin …

Je ne sais plus si c’était dans l’humanité ou encore un autre mais il y en avait plusieurs à l’époque. C’est vrai que quand on se repasse aujourd’hui les communistes par rapport à l’époque, c’était vraiment un parti extrêmement populaire.

Oui

Et là spontanément les lecteurs ont écrit des lettres pour défendre Picasso ou au contraire pour attaquer Picasso.

D’accord ça a fait bouger …

Bien sûr.

Ça a fait couleur de l’encre.

Les communistes français entre eux mais par rapport à la position du communiste français par rapport au parti communiste russe.

D’accord. Ca fait partie de l’engagement de Picasso.

Comment en quelques traits on peut secouer les médias.

Je mets 10 minutes à faire ça.

Exactement

10 minutes.

Bon malheureusement les caricatures c’est un mauvais exemple en début d’année.

Alors on va continuer avec d’autres images. Ici c’est une peinture de Picasso qui s’appelle « L’enlèvement des Sabines ». C’est un tableau qui est peut-être moins célèbre de Picasso mis qui reprend le fameux tableau de l’artiste Jacques Louis David, un peintre qui était dans son temps engagé dans la révolution française et ces différentes phases et qui sera également son peintre imagier.

Et dans cet enlèvement des Sabines, de manière très subtile, Jacques Louis David mais ensuite Picasso pause les conflits les tensions de son temps. L’enlèvement des Sabines finalement c’était l’enlèvement des femmes par le camp ennemi pour priver l’ennemi le moyen de se reproduire et de prospérer. Donc c’était vraiment une attaque militaire mais qui était centrée justement symboliquement sur les femmes.

D’accord.

Jacques Louis David bien sûr quand il peint ce tableau, évoque les conflits politiques de son temps autour de la révolution française. Quand Picasso va réaliser cette image … J’ai la date du tableau on est en 1962. Alors là aussi …

Très belle !

Oui c’est l’année qui est assez riche en événement. Bon on est au moment aussi où il y a la guerre d’Algérie, de nombreux autres conflits qui sont en cours et qui ne sont pas réglés. Et ici Picasso va le traduire. Moi je pense qu’il y a une sorte de… pas de défouloir mais de tribute qui est offert. Picasso se permet toutes les audaces parce que évidemment aujourd’hui on regarde 50 ans après les massacres en Corée. On regarde Guernica. On est très loin de ces conflits.

La question qu’on peut se poser c’est que ferait Picasso aujourd’hui dans ces périodes avec ces événements dramatiques. Certainement qu’il lui donnerait des images qui deviennent un peu des icônes. C’est un petit peu la tour Eiffel qui est un peu peace and love maintenant qu’on voit régulièrement tagué par des jeunes dans le métro ou sur certaines façades.

Et ici Picasso montre encore une fois ce massacre qui s’attaque aux femmes, un des grands sujets de Picasso. Donc il y a le sujet et puis la démesure. Picasso c’est aussi quelqu’un d’immense, d’impossible à mesurer, incommensurable. Et là c’est ce géant avec ce couteau. Mais ce n’est même plus un couteau de boucherie-là c’est … on peut couper toute une armée d’un seul jet par rapport au petit bouclier dérisoire.

Et puis ces bras levés, ces jambes qui … Tout gesticule, tout souffre et tout est en … Oui voilà c’est le chaos.

Oui, c’est le chaos

Image très forte.

Oui

Mais tu as raison elles sont beaucoup moins connues ces images-là. De même que cette chapelle qui décore à Vallauris, là où il travaille chez un potier qu’on avait vu tout à l’heure et là s’inscrire dans la grande tradition de la peinture murale comme ces artisans des fresques romanes qu’il a tant regardées. Alors ici ça s’appelle Guerre et Paix.

D’accord.

On pense à la littérature russe d’ailleurs. Et les deux camps sont affrontés. Et là, même si on regarde une image assez lointaine de cette chapelle qu’il faut vraiment aller voir, rien que par les couleurs …

Les couleurs, la position des couleurs.

Bien sûr

Le bleu …

 

Magnifique.

Qui a cette … Tout à l’heure qu’on évoquait le bleu de la période de genèse de Picasso, on était dans la mélancolie. Mais là on est dans la plénitude. On est dans l’immensité d’un ciel ou peut être de l’évocation d’une plage. C’est le bonheur c’est la joie de vivre. Dire ça ça m’évoque Matisse qui était lui d’ailleurs également installé pas très loin de Picasso …

Ce n’est pas faux. Ce n’est pas faux.

Les deux grands monstres de leur temps. Picasso lui dira d’ailleurs on peut peut-être conclure là-dessus : « vous avez la couleur » en s’adressant à Matisse « moi j’ai la ligne ». Dans cette image on voit que ligne et couleur se font forme …

Exactement

Et Guerre et paix à travers des formes et des couleurs spécifiques vont donner deux résultats complètement différents.

Magnifique. Quel homme extraordinaire ! Quel artiste engagé ! engagé et extraordinaire. Il n’était pas dans sa bulle dans son univers purement de création.

Une manière de regarder, d’absorber les choses et ensuite de les donner à voir.

Les restituer et les universaliser etcétéra.

Exactement.

Super. Merci beaucoup. Merci beaucoup Nicolas pour cette découverte rapide mais pas superficielle mais rapide tour d’horizon de cette partie de la vie de Picasso, cet engagement politique, des événements politiques qu’il a traversés.

Merci Frédéric,

Merci.

Merci à tous. A bientôt.

Discipline Conférences
Difficulté Initiation
Genre Les Conférences
Durée de la Vidéo 15mn49

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