Robert De Niro Senior, la naissance de l'art moderne américain

On va faire une découverte ensemble je crois une découverte pour pas mal d’entre nous même si on connait très bien son nom à ce gars-là.

Tout à fait.

Cet artiste nous connaissons tous son fils.

Qui est un grand acteur américain.

Grand acteur américain que j’aime beaucoup. C’est ?

Robert de Niro.

Robert de Niro Senior.


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Nicolas.

Frédéric.

On va faire une découverte ensemble je crois une découverte pour pas mal d’entre nous même si on connait très bien son nom à ce gars-là.

Tout à fait.

Cet artiste nous connaissons tous son fils.

Qui est un grand acteur américain.

Grand acteur américain que j’aime beaucoup. C’est ?

Robert de Niro.

Robert de Niro Senior.

Senior.

Qui lui était peintre.

Exact.

Et qui assiste à la naissance de l’art moderne américain.

Et qui fait partie de ce

Et qui fait partie de cette école.

Cette école-là.

Tout à fait.

 

Alors on va regarder ensemble une première image…

Alors là on est… oui

De famille…

Oui oui oui.

Où on reconnait bien l’acteur ici…

Oui oui super.

Et au milieu c’est la maman.

D’accord.

La maman est d’origine irlandaise.

Ok. De Niro ?

De famille.

La maman oui.

Et le papa effectivement lui a des origines il est américain ils sont américains tous les deux les parents mais le père est d’origine italienne.

Ils sont installés dans l’Etat de New York…

D’accord.

Et Robert de Niro Sénior est né en 1922 dans la ville de Syracuse.

Ok.

Un mot italien…

Oui oui.

Encore une fois.

Oui oui.

Alors ici effectivement c’est une photo de famille. Ils vont se rencontrer dans une école d’art.

Le couple là ?

Le couple. Le couple c’est un couple d’artiste. Virginia Admiral qui sera sa femme qui donnera naissance à l’enfant acteur américain qu’on connait bien…

Robert.

Est une femme peintre également mais également une poète. Elle connait beaucoup de grands artistes américains, des écrivains j’entends : Anna Essenine, Tennessee William, Henry Miller.

D’accord.

Et d’ailleurs elle écrira quelques nouvelles pour gagner un peu sa vie au début. Alors Robert de Niro Sénior lui va étudier chez plusieurs grands artistes. Ce sera l’occasion justement de voir un petit peu comment se déroule l’art, la formation, la carrière aux Etats-Unis à ce moment-là.

D’accord ok.

 

On va regarder une première image et ici je te montre Josef Albers.

Ah oui d’accord.

Ce n’est pas Robert de Niro.

Non parce que j’ai vu j’ai entraperçu De Niro…

Il a un style personnel très particulier très indentifiable Robert de Niro.

De Niro oui.

Robert de Niro.

 

Alors il va étudier dans un très grand collège américain qu’on appelle le Black Mountain College.

D’accord.

C’est en Caroline du Nord alors on l’appelle ainsi parce qu’il est entouré des montagnes noires et là c’est un enseignent très libéral où on pratique beaucoup le travail manuel. C’est très réputé aujourd’hui pour les arts graphiques mais des grands chorégraphes des musiciens ont étudié là-bas.

D’accord.

Et beaucoup de la nouvelle génération d’artistes américains seront formés aux Black Mountain College. Et là il a un professeur dont on voit ici une première image Josef Albers. C’est un artiste issu du Bauhaus.

D’accord.

L’école d’art allemande.

Oui ok.

Et effectivement l’art américain va bénéficier de toute cette école européenne qui vient débarquer aux Etats-Unis, certains à cause de la guerre certains parce qu’ils étaient juif.

On est dans l’entre-deux guerres là ? non non non.

On est effectivement à partir des années 30.

Oui c’est ça.

A partir des années 30 et cette vague ne cessera jamais. Certains resteront sur place définitivement. Et Josef Albers effectivement lui va marquer certainement le premier apprentissage de Robert de Niro, un travail sur la couleur mais dans un art abstrait que ne pratiquera jamais le peintre qu’on va regarder maintenant ensemble.

Ok d’accord.

 

Il sera surtout un élève d’Hans Hofmann, encore un artiste européens, un autre Allemand qui lui avait ouvert une école d’art à Munich et puis ensuite on appelait ça déjà un petit peu les universités d’été comme en politique aujourd’hui où les étudiants en été apprenaient la peinture.

D’accord.

Et la Hans Hofmann School of Art et bien Robert de Niro vient participer à ses cours. C’est là qu’il rencontre Virginia qui deviendra sa femme.

Ok.

Alors là encore on a un art abstrait…

Oui.

Mais qui va beaucoup marquer l’art américain et Robert de Niro particulièrement. Il est adepte de ce peintre Hofmann de la théorie qu’on appelle le push and pull c’est-à-dire qu’il considère que certaines couleurs, les chaudes poussent vers le premier plan tandis que les froides reculent étirent.

D’accord.

Donc on a cette manière c’est… oui c’est une… c’est une première base pour Robert de Niro.

D’accord.

 

Mais on va regarder effectivement le travail de l’artiste. Il a une trajectoire complètement particulière.

Ah ?

Il n’est pas très célèbre. Encore aujourd’hui c’est vrai le nom on ne pense pas à lui.

On ne pense qu’à son fils.

On ne pense qu’à son fils. Il est éclipsé par la carrière brillante du cinéma pour le fils. Et pourtant il aurait pu mener une belle carrière mais il n’a pas cherché la facilité. A un moment donné les Etats-Unis vont conquérir le monde. C’est le plan Marshall après 1945. Et ils vont lancer des grands ponts artistiques un peu comme du marketing, différents courants très vendeurs.

D’accord.

D’ailleurs on en regardera quelques-uns de ces artistes. On va en général vers l’expressionnisme américain. Lui jamais. Il sera toujours figuratif. Et son regard sa fascination j’ai envie de dire sa formation c’est l’école figurative européenne. Il adore la peinture française. Et quand on regarde ce nu à la baignoire, tu penses sans doute à un artiste qu’on a regardé ensemble très récemment.

Oui. Oui mais je n’ose pas le dire mais oui.

Mais vas-y oui tu veux bien ?

C’est Gauguin ?

Ben non c’était Pierre Bonnard je pensais à Bonnard

Bonnard ! Ah pardon. Ah exact.

 

J’en ai mis une juste à côté de Bonnard.

On l’a fait récemment en plus.

On l’a fait très récemment.

C’est dans les couleurs tu vois pardon oui oui.

Dans les couleurs dans le thème à la baignoire, ce nu allongé de femme.

Ah oui !

D’ailleurs le titre Venise la nuit et puis ce chat noir.

Oui.

Ce chat noir au centre comme chez nous on a beaucoup de chat mais aussi comme dans l’Olympia de Manet.

Alors effectivement,

Il y a… non non mais c’était un petit retour en arrière.

Oui ça marche ça marche.

Un sujet une figuration européenne mais par contre une écriture qui sera américaine. Et c’est cette… ce métissage on va dire qui fera la particularité de son travail.

C’est bien ça.

C’est un… Tu vois quand on parlait de Hans Hofmann et la théorie des couleurs, là on retrouve ça complètement.

Oui mais c’est appliqué là voilà c’est…

Dans un sujet figuratif.

Oui oui oui j’aime bien ça.

C’est vrai là.

 

Alors ici on regarde Pierre Bonnard.

Ça d’accord ok un clin d’œil d’accord oui oui.

Oui le petit clin d’œil et on revient sur Robert de Niro. Tu sais qu’il fera un séjour de quatre ans en France. Entre 1961 et 64 il est chez nous.

Les belles années.

Alors il passe par Paris. Il passe par la Bretagne la Normandie les Pyrénées et…

Ah j’allais dire Paris Paris non pas de Paris ?

Paris aussi également.

Ah oui ?

Et à la manière des peintres… oui parisiens de la belle époque, le sujet vu à travers la fenêtre. Là aussi peut-être que tu penses à Matisse. On avait regardé porte fenêtre ces grands sujets-là.

Oui oui c’est vrai c’est vrai c’est vrai.

 

Il a l’occasion d’assister à la naissance de la scène de l’art moderne américain. Et ici on l’une des plus grandes dames de l’art à New York puisqu’il est installé à New York. Avec Virginia quand ils se marient, ils habitent dans un très bel appartement à Greenwich village.

C’est un petit peu la Bohème. Ils ont des amis peintres, certains écrivains et il est repéré très tôt. Cette nouvelle génération très prometteuse on regardera certains de ses acolytes. Ici c’est Peggy Guggenheim, Peggy Guggenheim la nièce du célèbre Mécène qui va fonder ce musée américain.

Et elle a ouvert une galerie qui s’appelle Art of this Century, l’Art de ce Siècle. Et elle montre alors ici tu vois qu’elle est en train d’accrocher de mobile de Calder. Encore une fois l’art européen est omniprésent. On a des peintures surréalistes à l’arrière-plan. Mais effectivement il faut que l’Amérique crée une école d’art et des artistes qui portent ses valeurs.

D’accord.

Dans la naissance de l’art moderne américain qui va envahir le monde, New York deviendra la première place de l’art, et bien on peut dire que pour se consoler c’est surtout aussi beaucoup grâce aux artistes européens qui sont allés là-bas.

D’accord.

Et même les anciens qui les ont inspirés.

 

Quand est-ce qu’est né l’art américain ? Ça c’est une bonne question qu’on peut poser. On ne peut pas donner une réponse unique. Beaucoup diront 1945. Au moment de la fin de la guerre les Etats-Unis dominent. C’est la première puissance mondiale, pourquoi elle ne dominerait pas également dans la culture ?

L’art dans la culture oui c’est ça.

Alors donc certains posent la date de 1945 ce qui est le milieu du XXème siècle, ce qui est très facile. Mais d’autres vont parler de… du début des années 60 quand un peintre ici c’est Rauschenberg, Robert Rauschenberg, lui aussi il a étudié au Black Mountain College, remporte la Biennal d’art de Venise. C’est la première fois je crois que c’est en 62 qu’un artiste américain remporte le premier prix.

Alors là c’est un choc. Et on comprend qu’effectivement le vieille Europe est en train d’être… peut-être pas dépassé mais enfin rivalisée.

Oui oui il se passe quelque chose.

Il se passe quelque chose.

Oui oui d’accord d’accord.

Alors lui ici on regarde lui une de ses fameuses combined-painting…

Oui c’est ça !

C’est-à-dire des peintures qui mélangent du collage, des matières en relief, différentes choses encore une fois très inspirées de ce que pouvaient faire les collages cubistes de Picasso vrac quelques dizaines d’années auparavant.

 

Alors on va en regarder d’autres. On va regarder Willem de Kooning ici. Willem de Kooning c’est un des plus grands de la scène expressionniste abstraite américaine alors qu’il était né à Rotterdam au début du XXème siècle. Mais lui va beaucoup marquer dans cette… c’est ça la peinture américaine, ce geste très nerveux cette manière très abstraite de travailler très violente.

Oui ! très structurée quoi.

 

Le grand héros de la peinture américaine celui qui sera le plus célèbre c’est Jackson Pollock. Jackson Pollock alors lui il a une vie assez incroyable. Il est né dans l’Etat du Wyoming. Et à l’âge de 7/8 ans il voit un rituel d’Indien. Ça l’a beaucoup marqué avec ses frères. Notamment il dessinait sur le sable des motifs. Et lui va être le peintre du grand format.

Les peintures américaines ne sont pas des peintures de chevalet. C’est un peu quand je te parlais de marketing, comme nos 4/5 les affiches qu’on voit dans l’espace publique. Il faut comme ça en mettre plein la vue. Et lui il a cette particularité, c’est de poser les toiles au sol et de danser dessus comme il a peut-être vu faire les Indiens. Alors le problème c’est que c’est un héros qui meure très jeune. Il a à peine 43 ans. C’est quelqu’un qui…

Il y a quelques vidéos cultes de lui ?

Oui. Un artiste a beaucoup peint a beaucoup filmé. C’est un spectacle c’est une danse. C’est quelqu’un qui s’abreuvait d’alcool à plus savoir tenir debout. Et alors il va inventer le fameux dripping…

C’est lui.

La peinture qui coule.

Oui oui oui je vois bien.

Alors c’est un geste extrêmement gestuel. Quelques fois c’est un pot de peinture avec des trous dedans et il saupoudre. Quelques fois c’est le pinceau qui ne touche plus la peinture…

 

Mais…

Projection oui.

Balancé littéralement. Alors on a cette notion du all over. On remplit tout l’espace avec des motifs qui sont parfois reconnaissables. On retrouve ici quelques yeux quelques visages mais complètement noyés dans cette masse dans ces superpositions de peinture. On verra quelques traces de dripping

Ils se connaissant donc ?

Ils se connaissent tout à fait

Oui oui oui et oui.

Ils sont tous de la même époque.

D’accord.

Ils exposent chez Peggy Guggenheim collectivement parfois séparément.

D’accord d’accord.

Et oui du dripping et de la peinture qui coule on en verra notamment quelques fois chez Robert de Niro. Il ne rejette pas ça. Il regarde mais il a cette faculté de plus regarder vers l’Europe et la figure-faire.

Et de garder essayer de garder une constance en fait ?

C’est vrai c’est vrai. Et s’il était resté dans cette mode américaine comme celle qu’on regarde actuellement, et bien ce serait un nom aussi connu que Pollock, Rauschenberg ou le grand mouvement qui déferle dans les années 60 : le Pop art avec son pape Andy Warhol.

 

Alors ça ce n’est pas du tout dans la peinture figurative. Ce n’est pas quelqu’un qui est dans le registre commercial Robert de Niro. Au contraire il se méfie de la facilité des siennes en particulier. Quand il maitrise un sujet il préfère passer à autre chose.

D’accord.

 

Et avant de peindre une image il va réaliser des centaines d’esquisses. Il faut savoir oublier ce qu’on maitrise le mieux pour pouvoir tout recommencer et se renouveler et se chercher en permanence. Ce qui est très intéressant ici on est dans son loft. Il habitera un loft à [.] toujours à New York après ses voyages.

Alors il va aussi voyager d’ailleurs ça c’est très intéressant à San Francisco où là entre 1977 et 1979 il s’installe quelques temps et il va peindre avec les peintres de la baie qui eux sont plus figuratifs donc on va pouvoir dire là il retrouve quelque chose qui lui plait plus…

D’accord.

Dans des formats de paysages également très adaptés. On regardera c’est un grand sujet de paysage chez Robert de Niro. Mais son atelier c’est vraiment l’antre de la création. C’est là que tout se passe.

C’est beau !

Ses centaines d’esquisses préparatoires sont punaisées sur le mur. Et chaque objet tu reverras souvent le fauteuil, la cage à oiseau, le vélo, la bibliothèque. On regardera tout à l’heure la bibliothèque avec les livres d’art notamment…

D’accord.

Sont des coins d’atelier qu’il va peindre et dessiner inlassablement. C’est un artiste qui peint sur la peinture. Et ce n’est pas quelqu’un qui va en extérieur ce n’est pas un mondain. Il se crée ce petit cocon, cet univers particulier.

 

Voici ici par exemple une des figures. C’est un grand peintre de figure. Et si tu regardes cette image de cette femme en manteau rouge et bien à l’arrière-plan on voit encore comme en filigrane la première esquisse qu’il a recouvert ensuite de blanc.

Oui c’est vrai.

Alors cette gestualité cette brutalité au pinceau c’est très nerveux. Ça c’est peut-être l’écriture américaine.

C’est des grands formats aussi chez lui ?

Ce ne sont pas des grands formats justement.

Non non.

Tu as raison d’en parler. Lui est plutôt dans le format européen justement.

C’est ça d’accord oui oui.

40/30. Rarement des plus grands formats. On pense oui à ses intérieurs à la Matisse encore une fois ou de Pierre Bonnard qu’on a regardé très récemment c’est vrai.

Merci.

 

Encore une autre image de cet atelier.

Oui c’est bien c’est beau.

La bibliothèque que tu vois apparaître au fond…

Oui.

En bas à droite c’est un très grand lecteur. C’est quelqu’un qui… alors il va revisiter et c’est ça qui est intéressant quand on regarde la peinture de De Niro, c’est pour ça que je voulais la proposer, on retrouve les grands artistes qu’on aime et qu’on connait. Il va revisiter par exemple Rubens mais pour une couleur particulière, Rembrandt également par la couleur. Il a ses petites allusions à ces artistes qu’il apprécie.

Cultivé en fait voilà !

Oui très très cultivé.

C’est un érudit artistique quoi c’est ça.

Il ne vit pas de son art. Il sera professeur d’art. Il a même été gardien de musée tu vois ?

D’accord. Et ils ne vivent pas dans le besoin quand même ?

Non.

Non ?

Non non non non non non

Ça a l’air d’aller quoi.

Il vendait. Quand il est allé en Europe il a vendu quelques tableaux. Il y a un grand collectionneur c’était Joseph Hirschhorn. Tu sais maintenant aux Etats-Unis le grand musée Hirschhorn. Lui il lui a acheté une cinquantaine de peintures et dessins. Il est dans des grands musées au Etats-Unis d’ailleurs. Mais c’est quelqu’un qui a un train de vie assez modeste et qui vit en complet détachement.

Il est vivant ? Toujours vivant ? Oui ?

Non…

Non ?

Il est décédé en 1993.

93 ?

1993 oui.

Ah il y a une rétrospective récemment il y a quelques années.

Effectivement ça commence.

C’est là que j’ai découvert que voilà…

Oui.

Avec son fils d’ailleurs.

Oui son fils avait organisé une belle rétrospective…

En France non ?

En France…

Oui c’est ça.

A Roubaix au musée la piscine.

Voilà c’est ça.

C’est ça

C’est ça ça y est ok.

 

Et ici donc on va… on va avancer un tout petit peu dans un autre portrait je vais te le montrer par thème qu’il aborde. On peut penser à une peinture des peintres fauves dans cette couleur

Oui oui oui.

Et cette peinture qui coule comme je te disais, sujet européen de la peinture française mais une écriture à l’américaine où là il va flirter avec également ce qu’on va appeler la bad-painting c’est-à-dire la peinture mauvaise si on traduisait mal. L’idée aussi chez certains artistes c’est de plus de faire du décoratif de ne pas faire joli. Et dans ces brutalités qu’on a vu chez les peintres précédents effectivement ça va aller de plus en plus loin. Bon lui a regardé cela.

 

Ici ça c’est très intéressant le coin de bibliothèque. Et si tu veux on va zoomer sur les livres parce que là tu ne vois que des livres de l’école européenne. Alors Zurbaran de la peinture espagnole, Seurat fin XIXème la France, Poussin dont on a parlé, Georges Braque, Corot, Turner, les paysagistes, Manet, peut-être l’élu, Degas également, Bonnard, Tintoret, ça on en parlera à la fin, renaissance italienne.

D’accord.

Rouault, Rouault juste à côté, là aussi l’art religieux, Vuillard un Nabi, Ingres, Gauguin. Tu parlais de Gauguin tu vois il y est aussi.

Ils sont tous là.

Et puis Léonard de Vinci, encore un livre du Degas.

Degas

Ce sont ses bibles, ses peintres de prédilection et de référence qu’on voit beaucoup dans son travail.

 

Il est très intéressant cet atelier. Son fils l’a laissé en état tel quel. Il reflète bien la personne qu’était Robert de Niro Senior. Ses intérieurs on va regarder quelques intérieurs. C’est le sien. Et comme Bonnard, chaque objet peut devenir un… j’allais dire une figure d’une image. Ici on a… voilà on retrouve le fauteuil. On retrouve également l’armoire avec quelques bibelots posés…

Oui.

Le tout travaillé sur des larges plans de couleurs. Il dessine directement il peint directement sur la toile, il faut un gros trait noir et puis il superpose les couches comme ça. Le jeu qu’on disait aussi tout à l’heure couleur chaude jaune orangé …

Oui.

C’est celle-ci qu’il aime beaucoup et le bleu qui vient en contre-point équilibrer, tout ça avec un réseau de noir qui structure l’image.

 

Le voici justement ici au travail. Alors il forme des élèves mais en même temps il est très lucide sur le propre rôle qu’il peut avoir vis-à-vis d’eux. Il leur dit d’ailleurs avec un peu d’humour c’est quelqu’un de pince-sans-rire « méfiez-vous de vos professeurs. S’ils sont professeur d’art c’est qu’ils n’ont pas réussi en tant que peintre ». Et il sait de quoi il parle.

Parfois il fait de très belle métaphore. Il dit : « n’allez pas un petit peu comme les oiseaux qui vont picorer là où on retrouve dans les poubelles facilement la nourriture que les humains n’ont pas mangée. Essayez d’aller au large. Alors là il y a peut-être plus de vent mais c’est là où vous aurez les plus belles surprises. »

Il va se séparer de Virginia peu de temps après la naissance de Robert. Bon on a parlé d’une relation homosexuelle. Ça n’est pas avéré et ce n’est pas le sujet. Par contre ils resteront très attachés avec Virginia notamment au moment où il aura son cancer qui le fait décéder à l’âge de 71 ans.

D’accord.

Et là elle revient habiter avec lui elle le soigne enfin c’est un couple une amitié des artistes qui se comprennent et qui s’apprécieront jusqu’au bout. Virginia est très importante également dans l’art américain et en tant que militante notamment contre la guerre du Vietnam. C’était un couple d’artiste assez fameux à l’époque.

 

Alors un de ses beaux sujets moi je trouve c’est le paysage. Tu vas très facilement t’habituer à ces larges plans de couleurs posés.

Oui mais c’est fait c’est fait.

Mais tout est… tout est mis dans le paysage.

C’est très cohérent tout ça dans toute sa… dans toute sa carrière quoi.

Les artistes du paysage je vais te montrer juste après. Ici on est en 1968. 1968 il reçoit la bourse Guggenheim.

D’accord.

Donc tu vois la carrière effectivement elle n’est pas en demi-teinte. Mais volontairement certains refusent les feux des projecteurs et travaillent silencieusement dans leur coin à leur petit bonhomme de chemin. Le temps fera son temps son travail.

Son travail.

La reconnaissance.

 

Alors oui moi je voulais vraiment regarder avec toi ces quelques beaux paysages par rapport à ces grands artistes qu’il apprécie.

Ah c’est bien ça.

Et là ce n’est pas lui. On aurait pu penser mais j’ai fait exprès de montrer des images très très proches.

Très proches oui.

Ah oui.

Peut-être un peu plus léchées.

Un peu plus figurative.

Un peu plus figurative un peu plus dans la précision légère en plus.

Et ici…

Mais la gamme chromatique et toute la palette c’est bien.

Exactement. Les audaces de couleurs stridentes.

C’est qui alors ? Dis-nous.

Ben c’est le peintre Wassily Kandinsky.

Kandinsky ?

Le peintre allemand également du Bauhaus alors on en a vu des artistes du Bauhaus. Et c’est intéressant parce que c’est le premier peintre d’art abstrait.

Ah oui ?

Et Kandinsky je crois qu’on aura l’occasion de montrer ses œuvres.

J’aimerai bien.

Il commence l’art abstrait en 1912 en faisant des paysages des montagnes bavaroises. Et à force de simplifier son sujet, ça devient juste un ensemble de lignes de traits d’obliques et de couleurs.

Et ici dans le portrait figuratif dans cette image il y reviendra à la figure humaine mais effectivement dans les paysages de Robert de Niro, on sent poindre les couleurs qu’il a regardées de Kandinsky comme celles qui chantent de la palette de Bonnard et de toute sa bibliothèque de peintres favorite. Il a un musée imaginaire mental.

 

Te souviens-tu te Mark Rothko ? On avait évoqué Mark Rothko…

Mais oui mais oui mais oui.

L’autre grand héros.

Ce serait bien d’en parler aussi.

On va en parler.

Oui oui.

C’est intéressant de parler de Robert de Niro Senior parce que c’est l’occasion de faire une introduction…

Oui on fait un tour d’horizon.

A la naissance de l’art américain.

Magnifique oui ça donne plein d’envie.

J’ai envie d’appeler ça il était une fois la peinture américaine. Tu sais pourquoi je dis ça ? Parce que son fils Robert de Niro junior va réaliser son premier film « il était une fois le Bronx ». C’est un film qu’il faut voir. Et il montre justement c’est un hommage à son papa dans sa jeunesse quand il débarque et qu’il s’installe.

D’accord.

Alors lui c’est un artiste de l’abstrait du Colorfield, du champ coloré avec ses saturations de couleurs on l’avait surtout approché par rapport à Pierre Bonnard. Il fait aussi parti de ce grand courant d’art abstrait américain.

Mais c’est vrai qu’on les compte sur les doigts de… allez même des deux mains les Etats-Unis c’est un grand pays, ceux qui vont aller vers la difficulté, faire de la peinture figurative en pleine mode abstraite. C’est un petit peu chercher sa misère j’ai envie de dire vulgairement. Et bien c’est ce que fera Robert de Niro.

Oui tout le temps.

 

Ce paysage où là par contre la bad-painting le dripping ici qui dégouline littéralement dans son image…

Oui oui sans retouche sans rien du tout oui.

 Là peut nous faire penser qu’il est un américain. Ça c’est une manière de retrouver très facilement…

C’est bien ça aussi.

Encore ce voilà… encore ce paysage. Alors je vais te montrer justement les peintres de la baie américaine. Ici c’est encore lui qu’on montre dans un autre paysage, ces peintres de la baie de San Francisco…

Oui.

Avec lesquelles il va beaucoup travailler. Mais finalement ben il est un marginal de la peinture américaine Robert de Niro. Même s’il est connu de tous à l’époque, ici c’est un peintre de la baie de San Francisco qu’on regarde. On est dans une vue frontale un très beau cadrage…

Oui dis donc.

Avec la mer sur la gauche…

Oui oui.

Et la falaise qui remonte.

La falaise on voit la falaise de travers tu vois de travers

Ici je crois que c’est un couteau avec beaucoup de matières et d’épaisseur. Alors oui la place qu’il se choisit volontairement Robert de Niro, un peintre américain peut-être en exil dans son propre pays, plus nostalgique de la peinture européenne. Il n’est pas abstrait il est figuratif.

Oui.

Et quand il va à San Francisco et bien il est plus abstrait que les figuratifs paysagistes de cette école de la baie. Donc finalement ce décalage cette originalité est très spéciale.

 

Alors on va encore avancer dans les sujets et les paysages les figures les nus féminins. Les nus féminins sont plutôt des études à l’encre et au pinceau où là il les multiplie. Pour lui c’est un simple exercice gestuel de la main un peu comme le vélo qu’il aimait beaucoup pratiquer. C’est lire la peinture comme le faisait aussi Picasso et les maitres.

Ici on regarde d’après Delacroix les femmes d’Alger, une grande peinture orientaliste Eugène Delacroix peintre du XIXème, le premier qui va en Orient au Maghreb. Et ici et bien on le retrouve plus figuratif. Si tu veux je vais t’aider en montrant l’original, la première version.

Excellent

C’est intéressant de le voir finalement…

Excellent. Génial.

Revisité.

Reviens reviens sur l’autre.

Mais bien sûr.

S’il te plait.

On y retrouve toutes ces figures.

Super. Tu as la même ambiance finalement.

Ben exactement.

Tu as la même… oui oui la même posture.

Ce n’est pas du tout une parodie c’est un peintre. On voit très bien qu’on est dans une relecture du XXème siècle à l’américaine.

Excellent. Trop bien

Picasso l’aurait cubisé certainement. Lui il le rend avec…

A sa sauce.

Oui.

 

Alors on va regarder un autre artiste également, un artiste franco-allemand Hanz Arp ou Jean Arp en Français. Il y a une grande rétrospective en 1958 au Moma à New York. Et Robert de Niro va être fasciné devant notamment les fameuses crucifixions, des dessins de Arp qui sont d’une force d’un dynamisme. Ici on regarde un très bel exemple de ces dessins où on a un réseau graphique comme ça extrêmement nerveux. Et il va commencer sa série sur les crucifixions.

D’accord.

Et il y reviendra régulièrement au moins tous les 10 ans jusqu’en 1985 donc à partir de la fin des années 50. Bien sûr travailler il a… c’est le seul américain à peindre Robert de Niro des crucifixions. Et tu vas voir un peu ce que ça donne je t’en ai sélectionné quelques-unes.

 

On peut revenir en arrière voilà une première où là tu… maintenant je suis sûr que tu reconnaîtras très vite une peinture de Robert de Niro.

Oui oui.

Une couleur assez liquide finalement des champs de couleurs assez…

Oui des aplats.

Les aplats oui. Le bleu…

Ce cerne ce cerne aussi.

Le cerne noir exactement.

Et puis toujours le travail entre le bleu et le jaune.

 

Les deux couleurs principales.

Le push and pull couleurs chaudes couleurs froides…

Oui oui.

Tirer pousser c’est un peu ça. Alors ici on en voit une première qui est très bien. Je te montre. Alors là ce n’est pas lui.

Ce n’est pas lui ?

Mais c’est un artiste d’origine russe Chaïm Soutine. Soutine a eu une carrière fulgurante en France et lui va peindre ce bœuf écorché. C’est Rembrandt qui a aussi peint ça. Alors quand il regarde ça Soutine effectivement il pense à Rembrandt.

C’est un artiste qui découpait ses toiles en mille miettes. C’est un artiste éternellement insatisfait. Et ensuite il parait qu’un vrai Soutine n’est jamais en un seul morceau. Ça a toujours été recousu plus ou moins réencollé réentoilé. Elle est très proche parce qu’effectivement le Christ…

Pourquoi tu nous montres ça ?

Ben parce qu’effectivement dans les images de l’art moderne sur le religieux sur la crucifixion, chez les anciens on avait Rembrandt par exemple ou Rubens chez les Flamands, chez les contemporains Picasso l’a fait un petit peu, Soutine l’a fait beaucoup. C’est presque abstrait.

J’ai envie de dire que là Soutine il est plus américain que Robert de Niro quand il fait ça tu vois ? C’est plus ça de la bad-painting pour moi que Robert de Niro qui fait quand même plus figuratif…

Oui oui.

Avec un rose tendre…

Oui finalement.

Plus acidulé d’une certaine manière.

 

Alors il y en aura d’autres. Ici une autre… là on revient à Robert de Niro je te le précise mais je pense que tu l’avais bien identifié.

Ça va d’accord je l’ai vu je l’ai vu.

Et bien là il revisite un autre peintre de la renaissance italienne : Andréa Mantegna. Peut-être que… et celle-ci il l’a vu au Louvre cette peinture de Mantegna. C’est une très célèbre crucifixion où là on a tu vois une… une scène un sol en pierre avec au premier plan un escalier qui permet d’accéder à cette sorte d’estrade. C’est le mont du Golgotha, là où sont crucifié le Christ et les larrons.

Et Robert de Niro bien sûr sélectionne ce n’est pas du plagiat pur et simple mais il rajoute bien sûr les figures devant qui sont un peu ces masses colorées assez agitées et puis ce corps dans l’arrière-plan.

 

Alors je vais t’en montrer une dernière qui est une image qu’il a dû voir de la peinture vénitienne toujours la renaissance c’est Tintoretto, surnom on l’appelait le petit teinturier.

D’accord.

Encore c’est un grand peintre de couleur. Et Tintoret va couvrir les murs des églises vénitiennes et italiennes de ses compositions religieuses magistrales. Alors là on sera dans des grands formats également. On en a plein les yeux.

Et à la fin de sa carrière, il va partir dans des peintures noires comme on peut le voir ici. En vieillissant effectivement il va aller vers une peinture plus violente mais ici c’est une grande commande pour une confrérie : la scuola grande disandroco. C’était placé sous les hospices d’un Saint protecteur Saint-Roch…

D’accord.

Protecteur de la peste. On sait que la peste a fait des dégâts terribles aussi à Venise. Et là c’est un… c’est un morceau de peinture vraiment beau. Dans le thème de la peinture de la crucifixion, on a regardé ici quelques maitres majeurs

D’accord.

Parce que Robert de Niro les avait toujours à l’esprit quand il peint toutes ses images.

Ok.

 

Quelle histoire enfin quelle histoire, quel personnage en fait au final !

Incroyable. Incroyable de faire ce que l’on veut encore une fois. Nous on aime bien finalement présenter des artistes totalement libres.

Oui. Ça nous donne envie.

De suivre ses goûts.

Exactement

Les gouts et les couleurs.

Merci beaucoup Nicolas. Très très belle découverte. J’espère que ça vous a plu autant qu’à moi.

Je conclurais en disant que cette vidéo nous permis de parler d’un sujet qu’on n’avait pas encore abordé une géographie américaine qu’on abordera prochainement.

Oui oui exact oui oui, source de plein plein de sujets là ?

Exactement. On a montré quelques artistes que certainement nous regarderons…

Oui.

Et dont nous reparlerons prochainement.

C’est promis à très bientôt.

Merci Frédéric.

Merci Nicolas.

Discipline Conférences
Difficulté Initiation
Genre Les Conférences
Durée de la Vidéo 31mn22

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